Octantrion
Le 4 septembre 2021
Éléonore, est-ce le nyckelharpa qui t’a amené à jouer de la musique traditionnelle suédoise ?
Éléonore : Non, c’est l’inverse : je suis tombée amoureuse de cette musique pendant mes études de violon. Parallèlement à un stage de musique traditionnelle suédoise auquel je participais, se tenait un stage de nyckelharpa, c’était en 1999 ou 2000. J’y ai, entre autres, rencontré une joueuse de nyckelharpa avec qui nous avons joué en duo et, quelques mois après, j’ai récupéré son instrument de location et ai acheté tous les disques que je pouvais trouver sur la musique traditionnelle suédoise, en apprenant la plupart des morceaux. Je me suis rapproché des quelques passionnés de cette musique en France qui organisaient un stage chaque été et avaient invité des artistes suédois avec qui je me suis lié d’amitié. Ce sont eux qui m’ont conseillé de partir me former en Suède, conseil que j’ai suivi avant d’intégrer l’Institut Eric Sahlström en 2003-2004.
Gaëdic, ton parcours musical est plutôt différent, plus rock me semble-t-il ?
Gaëdic : Avec Eléonore, on n’a pas du tout le même trajet musical. Pour ma part, j’ai baigné dans le rock par tradition familiale. Mon père en était fan depuis les années 50, j’ai donc été baigné très jeune dans ce style. Ma mère était plutôt musique classique et baroque. J’ai passé ma jeunesse à écouter du rock, du hard rock et du metal. Mon premier disque acheté était “Piece of Mind” d’Iron Maiden. À part quelques cours de guitare irlandaise lorsque j’avais 10 ans, j’ai appris « seul » l’instrument. J’ai passé mon temps à décortiquer le jeu de mes guitaristes préférés lors de concerts ou bien en reprenant note à note des solos épiques que je me passais en boucle. Et puis un jour que je nageais aux 24h nautiques de Rouen (je devais avoir 16 ans), j’ai eu la révélation en écoutant un excellent groupe de Rock (Nøthing)! Je voulais devenir guitariste, point!!! Ce fût l’acte signant la fin de mes ambitions de futur étudiant en géographie.
Avant Octantrion, vous aviez des projets communs ?
Éléonore : On a créé le groupe « Drakkan », dans la même veine que celle d’Octantrion, avec un chanteur guitariste et un percussionniste. C’était déjà une musique d’inspiration scandinave, avec nos propres arrangements.
Le chanteur et le percussionniste sont ensuite partis habiter dans le Finistère et la Drôme, nous avons donc continué la route à 2 : c’est ainsi qu’est né Octantrion.
Gaëdic : On a préféré changé le nom car Drakkan était très associé au chant et à Syril, le chanteur, nous voulions éviter toute confusion.
On retrouve des sonorités celtiques dans la musique du Nord, ou inversement, une musique pas si lointaine ?
Gaëdic : La culture celtique, en général, est souvent dans un coin de nos têtes. Si nos inspirations sont essentiellement nordiques, elles sont largement influencées par le monde celtique également. Il y a énormément de liens entre ces deux mondes: historiques, culturels, cultuels. Les interactions sont attestées depuis le haut Moyen-âge et l’on retrouve des mythes, contes et légendes quasi-identiques des deux côtés de la Mer du Nord. C’est fascinant!
Éléonore : Ces musiques ont des points communs, ce sont des musiques populaires, avec un rythme régulier, adaptées à la danse, la fête et la transe.
Vous avez participé à l’album « The Twa Sisters » de Boann ?
Éléonore : Le leader de Boann cherchait un joueur de nyckelharpa en 2004, c’est ainsi que le groupe à débuté. Gaëdic nous a rejoint en 2008 et nous avons changé de chanteuse quelques années après. Nous avons donc contribué à la vie de Boann depuis les débuts jusqu’au dernier album paru en 2020 : The Twa Sisters.
(The Elfin Knight de BOANN)
D’où vient le nom Octantrion ?
Gaëdic : Notre inspiration musicale vient du Nord mais va bien au-delà. Le Septentrion est le nom latin de la grande ourse qui indique le Nord. L’Octantrion est au-delà du Nord, au-delà du Septentrion…
Avez-vous réfléchi à l’après Octantrion II, futur album du groupe ?
Gaëdic : Non, nous prenons les choses les unes après les autres. Cela n’empêche pas d’avoir une « vision » à plus long terme mais là, la priorité, c’est d’assurer le meilleur avenir possible à cet album (NDLR : sortie internationale le 22 octobre 2021)
Éléonore : Nous sommes chacun engagés sur plusieurs projets dont nous sommes à l’initiative, ce qui ne nous empêche pas de jouer également en tant que musiciens accompagnants, comme le fait Gaëdic avec Cécile Corbel. Nous développons nos projets chacun de notre côté et on se retrouve pour Octantrion, notre groupe de cœur, ce qui crée un bel équilibre.
Pouvez-vous nous parler de votre album ?
Gaëdic : L’album est composé de 15 plages musicales. « Element » est joué à la guitare, au nyckelharpa et à la harpe celtique (par Cécile Corbel), trois interprétations du même thème. Aucun de nous ne connaissait la version jouée par les deux autres. C’est très intéressant d’écouter ce que chacun en a fait…
« Chaman » est une variation autour de deux morceaux du disque, reliés par un air joué au mandocello. Il a été composé spécialement pour la vidéo du même nom.
De la musique à l’image, donc…
« The Dead King » est présenté sous deux formes. L’une, dans la lignée des arrangements du disque est accompagnée par des percussions et de la contrebasse, l’autre, dite « radio edit » (NDLR : version spécialement adaptée pour être diffusée en radio) est jouée avec basse/batterie.
Quelques morceaux sont enchaînés les uns aux autres. Il y a 9 compositions en tout.
Éléonore : On s’est inspiré également de 4 airs traditionnels (musique à danser ou musique médiévale islandaise) et on les a arrangés à la sauce Octantrion! Autour de ces morceaux, on compose des lignes mélodiques complémentaires. On y retrouve également des chansons en suédois et en anglais.
Quels sont les artistes qui ont participé à votre album ?
Cécile Corbel à la harpe celtique, Christophe Piot à la batterie, Blandine Champion à la basse, Julien Lahaye aux percussions, Xavier Milhou à la contrebasse et Eric Pariche, ténor d’opéra, qui vient faire les chœurs sur « The dead King ».